
Guillermo Del Toro se confie à propos de The Strain
1 janvier 2015 1 janvier, 2015 @ 18:09:04Cet article est une traduction intégrale d’un texte perdu dans la section Speakeasy du Wall Street Journal
La première saison de la série apocalyptique de vampires de FX basée sur la série de livres The Strain par le cinéaste Guillermo Del Toro et l’écrivain Chuck Hogan a été un succès selon tous les baromètres.
Les critiques ont aimé l’émission, qui a réussi à maintenir des cotes d’écoute élevées dans sa case horaire du dimanche soir à 22h même quand la saison de la NFL a débuté et qui a été renouvelée pour une deuxième saison.
Bien que Del Toro ait été grandement satisfait de la première saison de The Strain, il est le premier à admettre que certains aspects de l’émission n’ont pas fonctionné aussi bien qu’il l’aurait souhaité, du moins au début. La série a quand même réussi à prendre pied avec le temps en trouvant un équilibre entre les personnages et les actions, selon le réalisateur lors d’une entrevue avec Speakeasy.
Maintenant que l’émission, dont la première saison est sortie en blu-ray et DVD, a trouvé son rythme de croisière, Del Toro s’impliquera encore plus qu’avant dans la production même s’il ne réalisera pas d’épisode dans la saison deux. Sa présence se fera sentir dans des vignettes spéciales, son travail avec une seconde équipe, la cinématographie et l’apparence générale. La responsabilité de l’histoire revient surtout à l’auteur-producteur Carlton Curse et à Hogan.
De plus, Del Toro aura davantage de temps qu’avant pour se concentrer sur The Strain cette fois car il a dû repousser un petit projet de film en noir et blanc qu’il prévoyait faire entre un projet et la production de Pacific Rim 2, qu’il réécrit présentement.
Del Toro a partagé ses réflexions sur la première saison à Speakeasy; il aborde le sujet de son épisode préféré, ses désirs pour la deuxième saison, et une mise à jour à propos de Crimson Peak, sa prochaine histoire d’amour gothique mettant en vedette Charlie Hunnam, Tom Hiddleston et Jessica Chastain. Voici une transcription de cette entrevue.
Globalement, combien êtes-vous satisfait de la première saison de The Strain ?
Vous savez, je crois que c’était un apprentissage très ardu d’une certaine manière. Nous avons été très ambitieux avec la production et la facture visuelle, et je crois que nous avons appris à trouver l’équilibre entre les personnages et les décors en avançant. Je suis très satisfait. J’adore la réaction du public. Je pense que certains traits et intrigues des personnages… Par exemple, la bataille de garde avec Eph au début qui, pour les gens qui n’ont pas lu les livres, semblait être un trait de personnalité qu’on retrouve dans d’autres émissions. Dans l’épisode 10, on enlève Kelly. Il a fallu 10 épisodes pour que les gens se rendent compte que nous ne faisons pas ça que pour développer un autre trait de caractère. Ce sera un point d’appui de la série. La fin de cet épisode était très intense pour moi, particulièrement. Pour trouver les différentes forces des personnages joués par les acteurs lors de leur dévoilement… Par exemple, David Bradley dans le rôle de Setrakian est plus dur, fort et impitoyable que le Setrakian des livres. Nous devions donc commencer à écrire différemment pour lui.
Ce fut un apprentissage énormément difficile pour nous tous, mais nous avons eu du plaisir. Nous constatons avec grand soulagement, gratitude et bonheur que nous avons un public très stable et solide. Nous étions spécialement découragés pendant la saison du football américain, mais nous sommes restés très forts et stables. Ce fut une expérience particulièrement exténuante puisqu’au cinéma, on travaille pendant deux ou trois ans. Puis, ce n’est que pendant un ou deux fins de semaine. On sort le film, il y a le rendement du box-office et le consensus critique, et c’est fini. Avec une série télé, on apprend de semaine en semaine. Il y a certains arcs dramatiques essentiels dans la série qui sont devenus intenses pour moi à certains moments.
Si vous aviez à choisir un épisode préféré dans la saison, quel serait-il ?
L’épisode qui m’est resté dans la tête le plus longtemps en tant que concept est l’attaque dans le petit magasin. C’est une chose que je voulais faire depuis longtemps et on a essayé de l’intégrer aux livres, en vain. J’adore ça comme idée. J’aime que les personnages se rencontrent et que l’un d’entre eux meurt comme ça. Carlton et Chuck ont eu l’idée de tuer Jim dans cet épisode. C’est un moment très gratifiant. Au huitième épisode, on voit les racines, et on se demande quand elles se toucheront. Quand elles se touchent, c’est un moment très gratifiant pour moi. C’est probablement un de mes épisodes préférés. J’aime beaucoup l’histoire d’Eichorst et de Setrakian. Un de mes moments préférés se passe dans l’épisode deux lorsqu’ils passent au travers de la barrière en plexiglas. Tous les épisodes sont rattachés à des idées et des moments desquels nous nous sommes inspirés et qui ont été très amusants à voir. J’aime le moment dans la chambre du meurtre avec Eichorst et sa victime. Je les aime tous. J’adore plusieurs de mes « enfants ».
Qu’avez-vous pensé de la création du personnage de Dutch, le pirate ?
Un jour, en mangeant avec Carlton, nous parlions de ce personnage qui en était un comme Jesse Eisenberg dans The Social Network à l’origine. Nous mangions, et puis j’ai dit : pourquoi ne serait-elle pas une femme ? Pourquoi ne serait-elle pas une femme vraiment forte, une louve solitaire avec un côté dur et qui ne s’entend pas avec la plupart des gens ? Nous pensions que ce serait une bonne idée et énergie pour la série. Nous avons commencé à voir comment elle s’inspirait de Kevin et de Fet. C’était vraiment un excellent ajout. Pour moi, c’est facile de m’éloigner du livre dans la série. Carlton dirige la salle de rédaction donc il dirige pratiquement les scénarios de la série. Je contribue des idées pour les décors et les inspire avec lui. Cependant, pour que la série soit réalisée comme elle l’est, il doit être l’arbitre de cet aspect du contenu. Je n’ai aucune difficulté à m’éloigner du livre. J’ai apprécié qu’on brûle le Maître à la fin de la saison même si nous le faisons plutôt à la fin du deuxième livre.
Pour combien de temps vous voyez vous impliqué dans la deuxième saison avant de vous consacrer à vos autres responsabilités ?
J’espère que je serai capable de rester pour toute la saison. Au départ, j’allais faire un petit projet en avril ou en mai, mais je dois m’occuper de quelques problèmes familiaux. J’ai donc décidé que rester était le meilleur choix pour ma famille , et The Strain me permettait d’être à 20 minutes de chez moi. Je tournerai le prologue pré-générique, puis les films en noir et blanc mexicains de Silver Angel. Finalement, je suis avec la deuxième équipe depuis la semaine dernière et je continuerai de l’être pendant le reste de la saison, si Dieu le veut.
Le projet dont vous avez fait mention, est-ce le petit film en noir et blanc que vous vouliez faire ?
En effet, je dois le repousser jusqu’à nouvel ordre. La vie a ses façons de nous dire ce que l’on doit faire à l’instar de nos plans.
Quelle est la chose plus importante que The Strain devra faire dans la deuxième saison pour élargir son intrigue ?
Premièrement, la partie la plus facile et naturelle : nous devons déployer notre riche univers mythologique et biologique. Il manquait principalement tout l’aspect biologique du premier livre à la première saison. Celle-ci a été davantage menée par les décors et les interactions des personnages que par la véritable manière dont nous éradiquons l’épidémie. Une autre chose que je dois faire est d’élargir les conséquences sociales et l’étendue de l’épidémie. La façon dont laquelle l’épidémie commence à se répandre est progressive et commence à affecter la vie des citadins, des campagnards, de tout le monde. Cela fait partie de son expansion dans la saison deux. Nous devons essentiellement planter les graines de l’apocalypse. Il y a donc beaucoup de travail à faire, mais il y a beaucoup de choses qui viendront naturellement. Une première chose est le fait qu’il s’agit d’une saison de développement. Une autre est qu’il s’agit d’une différente saison. J’aime l’idée de Carlton où Palmer jette le Secrétaire de la santé par dessus le balcon. (rires) En la lisant, j’ai cru que c’était complètement brutal. Toutefois, en le voyant, j’ai absolument adoré. (rires) C’est un de mes moments préférés dans la série. C’est complètement inattendu, mais il m’a permis de me remettre au boulot. Maintenant, le Maître a beaucoup de contrôle et nous devons faire propager l’épidémie disproportionnellement cette saison-ci.
Généralement, les gens ont aimé l’apparence des créatures, mais quand le visage du Maître a été révélé, beaucoup de fans n’étaient pas tout à fait contents. Avez-vous entendu ces commentaires ? Avez-vous quelque chose à dire sur l’apparence du Maître ?
Honnêtement, une part de l’apparence des créatures est leur éclairage. En y repensant, je crois que le dévoilement du Maître a été exécuté sous un éclairage que je n’aurais pas choisi. Je tournais Crimson Peak pendant ces épisodes. Tout ce que je pouvais faire était de m’informer sur le progrès quotidien et de m’occuper des effets spéciaux qui m’étaient attribués. Les effets spéciaux ne peuvent pas changer la cinématographie. Je croyais que le dévoilement du Maître aurait dû être plus morne et éclairée d’une manière… moins terne que cela. Le reste, c’est comme ça que je le voyais, je crois. Je ne le percevais pas comme le vampire triste typique. Comme il est un géant de 2,2 mètres, il devait avoir un visage très bestial, et j’en suis persuadé. J’assume la responsabilité de cet aspect, au moins. Néanmoins, je pense que la cinématographie de ce dévoilement en a souffert.
Le tournage de la saison deux est déjà enclenché, n’est-ce pas ?
Oui, nous tournons depuis une semaine. Je peux vous dire que la première apparition du Maître dans la deuxième saison est beaucoup plus morne que dans la première.
Comment se passe la post-production de Crimson Peak ? Comment ça avance ?
Et bien, puisque nous avons le luxe de prendre notre temps car le film ne sort qu’en octobre prochain… Originellement, j’allais le terminer en décembre. J’ai eu la chance d’essayer des choses différentes, des montages différents, ainsi que de modifier les effets et la musique plus que dans n’importe quel autre film que j’ai fait. J’ai maintenant le mandat de livrer le film en janvier ou en février. Franchement, c’est comme une dépendance d’avoir autant de temps. Je ne suis pas certain que ce ne soit pas une mauvaise dépendance. Je travaille avec la même compagnie d’effets spéciaux que pour The Strain pour que nous puissions améliorer chaque scène. Chaque fois que nous nous rencontrons pour The Strain, nous le faisons aussi pour Crimson Peak. Je crois que c’est le film le plus magnifiquement conçu que j’aie fait. C’est aussi celui pour lequel j’ai pu concevoir pratiquement tous les aspects visuels grâce à la distance entre la pré-production et la post-production. J’en suis vraiment fou. J’espère que les gens trouveront que c’est une histoire d’amour gothique gratifiante.
Source : Wall Street Journal