Unbroken – Critique du film d’Angelina Jolie

20 février 2015 0 Par Louis-Philippe Coutu-Nadeau 20 février, 2015 @ 4:32:31

Tantôt chauviniste, tantôt moralisatrice, cette adaptation par Angelina Jolie du livre Unbroken: A World War II Story of Survival, Resilience, and Redemption de Laura Hillenbrand (2010) raconte l’incroyable histoire vraie de l’athlète olympique américain devenu prisonnier de guerre, Louis Zamperini.

Louis a connu une enfance difficile. Sa colère a été canalisée dans la course à pieds au point de lui permettre de participer aux Jeux olympiques d’été de 1936 à Berlin dans l’épreuve du 5 000 mètres. La Seconde Guerre mondiale commence. Il s’engage dans l’United States Army Air Corps. Son avion s’écrase dans l’océan. Pendant 47 jours, lui et deux frères d’armes (Phil et Mac, joués respectivement par Domhnall Gleeson et Finn Wittrock) tentent de survivre à bord d’un canot de sauvetage. Louis est ensuite repêché par la marine japonaise et envoyé coup sur coup dans trois camps de concentration (à Ofuna, à Omori et à Naoetsu). Quelle histoire, remettant le mythe du self-made-man au goût du jour, c’est le moins qu’on puisse dire!

Après In the Land of Blood and Honey en 2011, Angelina Jolie reprend le flambeau de la réalisation pour porter à l’écran les exploits de Zamperini qu’Universal Studios espérait adapter depuis 1957 (avec Tony Curtis en vedette). La tâche était d’envergure : recréer pas moins de trois camps de concentration japonais, un stade olympique berlinois, un crash aérien, etc. Sa touche féminine, comme celle de l’auteure pour son livre, était nécessaire pour que les mots « Survivance », « Résilience » et « Rédemption » prennent tout leur sens. Un regard masculin, à bien y penser, aurait sans doute privilégié le côté surhumain au détriment du côté humain on ne peut plus nécessaire.

Angelina a beaucoup appris de ses techniciens, en particulier du directeur de la photographie Roger Deakins (The Shawshank Redemption, No Country for Old Men, A Beautiful Mind) grâce à qui elle a pu s’inspirer du film The Hill (1965) lors des scènes de torture physique/psychologique. Les frères Joel et Ethan Coen (Fargo, The Big Lebowski, No Country for Old Men), quant à eux, se sont occupés de rendre la version finale du scénario.

L’acteur Jack O’Connell supporte littéralement le film sur ses épaules, voire à bout de bras. Difficile toutefois de s’identifier à lui tellement son personnage est plus grand que nature, capable de surmonter l’insurmontable sans broncher. En raison de l’effacement d’O’Connell derrière Zamperini, son jeu se déploie de l’intérieur et cela fera sourciller quiconque voudrait partager sa souffrance. Pour ma part, je trouve plutôt que l’acteur démontre une maturité et une polyvalence rares, lui qui a déjà attiré l’attention en 2013 dans le drame carcéral Starred Up.

Le résultat final ne présente aucun temps mort, sauf peut-être durant certaines scènes où Louis sert de souffre-douleur pour le chef de camp Mutsuhiro « L’Oiseau » Watanabe (Takamasa Ishihara). De ce fait, ces scènes auraient mérité d’être moins longues afin que les scènes olympiques n’apparaissent pas seulement sous forme de retours en arrière dans le premier tiers du film.

Voici deux anecdotes intéressantes. La première, absente du film, est la rencontre de Zamperini avec Adolf Hitler à la suite de son dernier tour de piste en un temps record de 56 secondes. Il lui dit en lui serrant la main : « Ah, you’re the boy with the fast finish ». L’autre, c’est quand Angelina Jolie est allée voir le véritable Zamperini sur son lit d’hôpital. Ils ont visionné le film ensemble avant son décès quelques jours plus tard, le 2 juillet 2014, à l’âge vénérable de 97 ans.

Si le malheur des personnages fait le bonheur des spectateurs, il va sans dire que vous serez aux oiseaux avec Unbroken. Même quand tout va de Charybde en Scylla, souvenez-vous de ceci : il faut toujours se battre jusqu’au bout et voir le verre d’eau à moitié plein.

Verdict : 8 sur 10