The Hunger Games: Mockingjay – Part 1 – Critique du film de Francis Lawrence

13 mars 2015 0 Par Louis-Philippe Coutu-Nadeau 13 mars, 2015 @ 21:29:37

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Les adaptations cinématographiques basées sur des romans jeunesse dystopiques sont à la mode depuis une décennie. Après Harry Potter de J. K. Rowling, Twilight de Stephenie Meyer et bientôt Divergent de Veronica Roth, il semble que le mot d’ordre soit de scinder en deux films distincts le dernier tome de chaque saga littéraire. Hunger Games de Suzanne Collins n’échappe pas à cette mode qui propose, de manière explicite, de transposer fidèlement l’écrit à l’écran, mais qui en profite aussi, de manière implicite, pour transformer subrepticement ce même écrit en argent.

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À la suite de son sauvetage in extremis dans l’arène, Katniss Everdeen (Jennifer Lawrence) trouve refuge dans le District 13. Elle deviendra vite le symbole de la rébellion contre le Capitole en endossant le rôle du Geai Moqueur. Cela résume pas mal tout le film. En effet, l’entièreté de cet avant-dernier Hunger Games se perd en d’innombrables longueurs, circonvolutions et culs-de-sac. Tout n’est que verbiage au sujet de politique, de propagande et de publicité. Je ne reproche aucunement ce type de fond, au contraire, mais cette soudaine maturité détonne trop des deux volets précédents et lance la flèche un peu à côté de la cible. Ses 123 minutes auraient très bien pu constituer la première demi-heure d’un seul et ultime épilogue.

The Hunger Games: Mockingjay – Part 1 a coûté 125 millions de dollars et en a rapporté 750 millions à travers le monde. Ce n’est pas rien. À l’image d’Harry Potter and the Deathly Hallows: Part 1, le film de Francis Lawrence (The Hunger Games: Catching Fire, I Am Legend, Constantine) n’est qu’une longue introduction dans les coulisses d’une révolte à venir. Or, dans ce film-ci, exit l’action des fameux jeux! Exit les rebondissements! Exit tout ce qui faisait le charme de l’original et de l’embrasement!

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Jennifer Lawrence demeure toutefois irréprochable en Katniss Everdeen. Elle traduit bien l’éventail d’émotions que son personnage vit au fil de l’intrigue. Le reste de la distribution remplit son mandat, notamment Josh Hutcherson en Peeta Mellark à bout de nerfs, Woody Harrelson en amusant Haymitch Abernathy, Donald Sutherland en redoutable Président Snow, feu Philip Seymour Hoffman (décédé le 2 février 2014, le film lui est dédié) en charismatique Plutarch Heavensbee et Elizabeth Banks en moins colorée mais autant excentrique Effie Trinket. La présence salutaire de cette dernière est d’ailleurs l’une des seules libertés prises par rapport au roman, étant donné que son personnage y est presque absent, et ce, avec l’accord de l’auteure. Bienvenue à Julianne Moore (récipiendaire de la meilleure actrice pour Still Alice) en Alma Coin, à Natalie Dormer (la télésérie Game of Thrones) en Cressida et à une poignée d’autres acteurs et actrices qui portent bien la tête de leur personnage.

À la moitié du film, Katniss se met à fredonner The Hanging Tree qui sonnera le ralliement des districts. Les paroles de cette chanson arrivent à l’improviste, tel un sproposito, au beau milieu d’une conversation entre Katniss et Pollux (Elden Henson). Il est intéressant de savoir que Jennifer Lawrence a elle-même interprété ce succès radiophonique de 2014. C’est l’un des points forts du film, inséré dans le récit un peu maladroitement par contre.

Cette vague mercantile qui déferle sur le tout Hollywood ébranle ses fondations centenaires. The Hunger Games: Mockingjay – Part 1 tire ainsi deux films d’un roman de 417 pages et fait d’une pierre deux coups. Ce n’est ni un chef-d’œuvre, ni un film culte, ni une révolution, ni une référence. L’histoire se déroule dans l’Amérique post-apocalyptique de Panem (Pain en latin) et Peeta se veut le fils d’un boulanger. Est-ce pour cette raison que ce film est long comme un jour sans pain? Je divague, quoique plusieurs références renvoient à l’Antiquité. En voici quelques-unes pour avoir quelque chose à se mettre sous la dent.

Suzanne Collins a le mérite d’avoir fait ses classes pendant l’écriture de sa trilogie. D’abord, le nom de son pays s’inspire de l’expression latine Panem et circenses qui signifie « pain et jeux du cirque ». Ces jeux télévisés Hunger Games rappellent donc les combats de gladiateurs et n’ont pour but, comme jadis, de s’attirer la sympathie de l’opinion publique. De plus, le fait d’envoyer un nombre prédéterminé et équivalent de garçons et de filles dans l’arène, en tant que « tributs », n’est pas sans faire un clin d’œil au mythe du Minotaure (monstre fabuleux mi-homme, mi-taureau), lequel recevait annuellement quatorze Athéniens comme amuse-gueules dans son labyrinthe. Le Capitole est aussi l’une des sept collines de Rome. Finalement, les deux frères caméramans qui accompagnent Katniss dans le District 13 se nomment Castor (Wes Chatham) et Pollux (mentionné ci-haut), à l’instar des jumeaux de Jupiter dans la mythologie romaine.

Bref, profitez du calme avant la tempête prévue le 20 novembre 2015, jour de la sortie du film The Hunger Games: Mockingjay – Part 2. À moins, bien sûr, de trouver un bon moyen de la contourner…

Verdict : 5 sur 10

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