Focus – Critique du film de Glenn Ficarra et John Requa

2 juin 2015 0 Par Louis-Philippe Coutu-Nadeau 2 juin, 2015 @ 15:53:51 PM

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La vérité et le mensonge, l’amour et la haine, la confiance et la trahison, le contrôle et la perte, bref, toutes ces oppositions tentent de garder leur équilibre dans ce sympathique Focus qui met en vedette Will Smith et Margot Robbie, lesquels s’attirent et se repoussent constamment afin de former les deux pôles d’un seul et même couple.

Nicky Spurgeon (Will Smith), un escroc passé maître dans son art, s’éprend de Jess Barrett (Margot Robbie), arnaqueuse encore débutante en matière de fraude. Alors qu’il lui apprend les ficelles du métier et que la jeune femme se rapproche dangereusement de lui, il rompt brutalement avec elle après un gros coup durant le Super Bowl XVII à La Nouvelle-Orléans. Trois ans plus tard, la novice est devenue une redoutable femme fatale. Tandis qu’elle débarque en plein Grand Prix automobile de Buenos Aires, elle menace de faire rater le plan à haut risque de Nicky, pourtant savamment élaboré.

L’histoire d’amour entre les protagonistes rend chaque entreprise plus ardue. D’un côté, tous deux ont une soif insatiable d’argent et un talent inné pour accomplir l’impensable. De l’autre, l’apprentie qu’est Jess veut dépasser le maître qu’est Nicky. Ce rapport d’attraction-répulsion donne sens aux expressions « Qui se ressemble s’assemble » et « Les contraires s’attirent ».

Nicky : « There’s two kinds of people in this world. There’s hammers and there’s nails. You decide which one you want to be. »

Après I Love You Phillip Morris (2009) et Crazy, Stupid, Love. (2011), ce troisième long-métrage coréalisé par Glenn Ficarra et John Requa se veut un énième ersatz d’Ocean’s Eleven comme les The Score, 21, Now You See Me et autres Pain & Gain qui ont occupé nos écrans depuis 2001. Toutefois, Focus déçoit autant qu’il ravit, ou attire autant qu’il repousse.

En effet, le film alterne entre des scènes fortes (celle du Super Bowl avec l’utilisation habile de la chanson Sympathy for the Devil des Rolling Stones) et des scènes faibles (la visite-surprise d’Owens, le bras droit du grand méchant Garriga, dans l’appartement de Nicky), ne sachant jamais vraiment sur quel pied danser.

La fin tombe à plat tellement les fausses pistes et les coups de théâtre sont exagérés. À mon humble avis, cette scène et celle du Super Bowl auraient dû être inversées, autrement dit mettre Buenos Aires en première partie et La Nouvelle-Orléans en seconde partie.

Will Smith est plus cool que jamais et retrouve enfin un rôle à la hauteur de son talent. C’est à lui que revient la tâche de servir de mentor à la recrue Margot Robbie, elle qui est entrée par la grande porte en 2013 aux côtés de Leonardo DiCaprio dans The Wolf of Wall Street.

Cette actrice a l’effet d’une bombe atomique, autant au sens propre que figuré, puisque sa plasticité parfaite force à la fois les hommes dans le film et les hommes hors du film à baisser leur garde. Son jeu s’est même amélioré d’un cran depuis sa collaboration avec Martin Scorsese (Goodfellas, Raging Bull, Taxi Driver). A star is born. Definitely.

Will Smith et Margot Robbie se retrouveront le 5 août 2016 dans Suicide Squad, l’adaptation cinématographique des super-vilains de DC Comics, lui en Deadshot et elle en Harley Quinn (la copine du Joker qui sera joué par Jared Leto).

De la simple démonstration de pickpocket dans des lieux publics achalandés aux paris risqués en plein match de football (l’acteur BD Wong y est parfait!), le climat de tension généré et les nombreux rebondissements sont efficaces la plupart du temps. Une séquence a retenu particulièrement mon attention : au deux tiers du film, nous voyons un personnage sorti de nulle part qui achète des trucs dans un commerce, monte dans sa voiture, se prépare et accélère. Nous ignorons d’où il sort et où il va, du moins jusqu’à un impact bougrement inattendu!

« C’est ça l’effet que ça fait. »

Cette phrase de Batman dans The Dark Knight Rises (clin d’oeil à l’univers de DC Comics dans lequel les deux vedettes de Focus se donneront à nouveau la réplique) résume bien comment je me sentais une fois les 105 minutes écoulées. J’ai passé un bon moment, certes, mais j’ai encore la nette impression que quelqu’un, quelque part, m’a arnaqué au niveau du portefeuille. Comme si tous ces revirements de situation n’avaient pour but que de jeter de la poudre aux yeux.

Si le focus avait été fait sur la fin et non sur la scène médiane, sans doute mon appréciation se situerait dans une zone moins floue…

Verdict : 7 sur 10