Heroes Reborn : pourquoi les avoir déterrés?
8 octobre 2015 0 Par Jean-François Chartrand-Delorme 8 octobre, 2015 @ 0:20:15Heroes Reborn est une nouvelle série de 13 épisodes diffusée depuis la fin septembre sur les ondes de NBC aux États-Unis et Global au Canada.
Heroes Reborn
L’action commence plusieurs mois après la journée fatidique du 13 juin d’on ne sait quelle année alors que des attentats terroristes ont fait des milliers de victimes dans la ville d’Odessa au Texas. Ce sont les « Evos » que l’on blâme; un diminutif pour « Evolved », c’est-à-dire des êtres humains possédant des pouvoirs surnaturels. Depuis, une chasse à l’homme est enclenchée et la directrice de la corporation Renataus Erica Kravid (Rya Kihlstedt) annonce devant une salle noire de monde que la compagnie a trouvé un moyen de retracer tous les Evos de la planète et qu’elle est aussi est en mesure de les neutraliser.
Spin-off de la série Heroes, le créateur Tim Kring nous amène ce deuxième opus en prenant pour acquis que tous les téléspectateurs ont vu le précédent qui pourtant s’était terminé avec des cotes d’écoute médiocres. Et même les initiés ne risquent pas d’être satisfaits en raison d’un scénario pour le moins décousu et d’un trop grand nombre de protagonistes.
Un doigt d’honneur aux non-initiés
Heroes Reborn débute littéralement dans le chaos post 13 juin alors qu’une véritable vendetta est instiguée contre les Evos. Pour le moment, on voit évoluer à l’écran de simples (?) citoyens comme Luke Collins (Zachary Levi) et son épouse Joanne (Judi Shekoni) qui se chargent de ces assassinats, eux qui ont perdu leur fils à la date fatidique. En parallèle, nous avons Noah Bennet (Jack Coleman) qui ne se souvient plus de ce qui s’est passé ce même jour et celui-ci s’allie avec Quentin Frady (Henry Zebrowski), un théoricien du complot dans le but de faire la lumière sur les événements. Du côté des Evos, mentionnons le jeune Tommy (Robbie Kay) qui maîtrise à peine ses nouveaux pouvoirs (il peut entre autres faire disparaître les gens et se téléporter), mais qui désire par-dessus tout vivre une vie normale; Miko Otomo (Kiki Sukezane), à la recherche de son père, de sa destinée et capable de se transformer en guerrière dans le jeu vidéo Evernow; Malina (Danika Yarosh), une adolescente perdue en plein pôle Nord capable de contrôler les aurores boréales. On imagine que ces protagonistes (et bien d’autres) se retrouveront dans un avenir plus ou moins rapproché et qu’ils feront front commun contre leurs oppresseurs, d’autant plus qu’ici, c’est la survie de l’humanité qui est en jeu… encore.
Les premiers plans de Heroes Reborn sont à l’image de ce qui s’annonce dans les trois premières heures de la série : un gros brouillon qui donne presque mal à la tête. On y voit des gens qui viennent de Saint-Félicien au Québec ou d’une dizaine d’autres pays tenter de s’échapper et qui finissent tous par se retrouver plus tard. En tant que téléspectateur, on essaie de retenir leur visage, d’où ils viennent, etc., mais peine perdue ; quelques scènes plus tard, ils sont tous exécutés sauvagement (sauf Tommy) par Luke et Joanne et on ne reviendra plus sur leur cas. Ce n’étaient que des Evos que l’on a éradiqué de la Terre. Mais on a beau se débarrasser d’eux, autant de nouveaux protagonistes nous sont encore présentés; beaucoup trop si bien qu’on perd encore le fil.
https://www.youtube.com/watch?v=S9MWMc6ClD4
On s’imagine que certains connaissent déjà leur pouvoir et d’autres non. S’imaginer est le mot exact ici parce que pour ceux qui n’ont pas vu Heroes, il est très difficile de comprendre le concept et de suivre le fil. Oui, on voit plusieurs Evos émerger et la suite logique voudrait qu’ils soient destinés à se rencontrer éventuellement, question d’unir leurs forces, mais il y a des personnages comme Noah, Luke ou Tommy qui étaient du casting de Heroes et qui nous arrivent avec un bagage émotionnel qu’un nouveau téléspectateur ne conçoit nullement, si bien que pour le moment, leurs quêtes ou les enjeux qui les assaillent ne sont guère engageants.
Heroes a été diffusée sur NBC de 2006 à 2010 et la décision de ramener à l’écran une fiction qui trouve écho auprès des fans marque assurément un manque d’audace de la part de NBC, mais c’est de toute façon une tendance chez les grands networks. En ce sens, c’est bien beau se baser sur un succès passé pour attirer une clientèle nostalgique, mais il aurait été judicieux aussi de se donner la peine d’en attirer une nouvelle qui est en plein « magasinage sériel » automnal. De toute évidence, c’est un échec.
2010-2015 : l’eau a bel et bien coulé sous les ponts
Si le thème de l’apocalypse a toujours été un sujet privilégié dans les séries télévisées, c’est encore plus vrai ces dernières années avec The Walking Dead, Fear The Walking Dead, Z Nation, Dominion, The Last Ship ou The 100 pour ne nommer que celles-là. Et si la plupart de ces séries comportaient de sérieuses lacunes, au moins, elles y mettaient le paquet côté mise en scène pour que l’on y croit, qu’il s’agisse de nous montrer des villes dévastées, voire carrément d’autres planètes ou encore d’arriver avec des humains transformés (zombies, loup-garous, robots, etc.) Bref, le sujet est éculé et voilà qu’arrive Heroes Reborn qui ne fait pas d’effort particulier en ce sens. Odessa a beau avoir été dévastée, les protagonistes continuent à vivre leur vie comme si de rien n’était, c’est notamment le cas de Tommy et sa bande. Du coup, les questions fusent : à quoi servent les pouvoirs surnaturels des Evos? Pourquoi les tuer alors que la plupart ignorent leurs propres « dons » et que de surcroît, ils ne veulent faire de mal à personne? C’est vrai, il y a ce jour fatidique du 13 juin qui est à la base de tout, mais on n’a pas de preuve que c’est l’œuvre des Evos. Après trois épisodes, un tel brouillon a de quoi nous décourager à poursuivre l’aventure afin d’obtenir des précisions supplémentaires.
Les deux premiers épisodes de Heroes Reborn diffusés le même soir ont attiré 6,09 millions de téléspectateurs avec 1,9 % chez les 18-49 ans. Malgré un taux d’enregistrement/rattrapage plus qu’honorable, 5 millions étaient toujours intéressés à poursuivre l’aventure (en direct) en deuxième semaine et on a aussi perdu quelques joueurs dans la tranche payante (1,6 %). Ironiquement, Heroes, après une première saison canon qui a rassemblé en moyenne 14 millions en auditoire, s’est vu retirée des ondes trois saisons plus tard puisqu’il n’en restait plus que 5,2 millions. NBC a bien fait de nous vendre Heroes Reborn comme étant une « minisérie événement », parce qu’on doute qu’elle revienne l’an prochain.
Ayant étudié en cinéma et en communications, depuis longtemps je suis habitué à l’évaluation, à l’analyse et à la critique de films. Au fil des ans, cette passion s’est davantage transférée vers les séries télé.
La fiction m’intéresse davantage, mais les séries documentaires me fascinent aussi. Chacun de ces deux genres nous offrent un portrait de la société, son évolution et parfois sa régression. De plus, je me suis rendu compte assez vite qu’outre les séries québécoises et américaines que nous connaissons davantage, plusieurs autres pays dans le monde représentent une compétition sérieuse… au grand plaisir des téléspectateurs.
Depuis quelques mois, je me suis mis à écrire des critiques, tout en travaillant dans les médias à temps plein. Ma règle d’or est de ne jamais juger une série par un seul épisode. Dans mon cas, la règle de trois s’applique, question de laisser la chance au coureur.
En espérant pouvoir partager avec les lecteurs mes appréciations, découvertes et déceptions du petit écran et surtout échanger avec ceux-ci.
Venez me lire!
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À propos de l’auteur
Ayant étudié en cinéma et en communications, depuis longtemps je suis habitué à l'évaluation, à l'analyse et à la critique de films. Au fil des ans, cette passion s'est davantage transférée vers les séries télé. La fiction m'intéresse davantage, mais les séries documentaires me fascinent aussi. Chacun de ces deux genres nous offrent un portrait de la société, son évolution et parfois sa régression. De plus, je me suis rendu compte assez vite qu'outre les séries québécoises et américaines que nous connaissons davantage, plusieurs autres pays dans le monde représentent une compétition sérieuse... au grand plaisir des téléspectateurs. Depuis quelques mois, je me suis mis à écrire des critiques, tout en travaillant dans les médias à temps plein. Ma règle d'or est de ne jamais juger une série par un seul épisode. Dans mon cas, la règle de trois s'applique, question de laisser la chance au coureur. En espérant pouvoir partager avec les lecteurs mes appréciations, découvertes et déceptions du petit écran et surtout échanger avec ceux-ci. Venez me lire!
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