
Front National: victoire de Marine Le Pen au Québec
24 mars 2016 0 Par Evan J. Demers 24 mars, 2016 @ 1:10:18Ceci n’est pas le premier texte que j’écris sur le Front National et Marine Le Pen.
Le parti nationaliste français, longtemps diabolisé dans son pays, sème encore l’émoi dans tout l’Occident en se faisant le fer de lance d’un nationalisme assumé, maintenant revigoré par les débats de plus en plus vifs sur le vivre-ensemble à l’heure de l’immigration massive, de la mondialisation et de la menace terroriste. En tant que chroniqueur, mais aussi en tant que Québécois, je m’intéresse depuis longtemps au Front National et à l’écho québécois de ses ondes de choc. Toutefois, pourquoi se contenter de recevoir les échos, lorsque la source du tumulte se rapproche ? Marine Le Pen, chef du Front National, était en visite au Québec au cours des derniers jours. Jamais nos médias locaux n’auront-ils accordé une telle importance à la leader nationaliste française. Cependant, il est clair que cette attention est loin de se résumer à un lancer de pétales de roses. Ce sera donc avant tout la chronique d’une confrontation. Tout d’abord, il convient de faire l’état des lieux.
Anne-Marie Dusseault s’est fait atomiser par l’intelligence de Marine Le Pen à l’émission 24/60
En France, il y a déjà plusieurs années que Marine Le Pen a déclenché une vaste opération de dédiabolisation de son parti, nettoyant son image et son membership, tout en tâchant de régler des comptes avec le passé. Les médias, s’ils fustigent toujours les frontistes, n’ont donc plus le choix de s’attaquer au programme du FN, plutôt que de s’en prendre à la personnalité de la chef, comme ce fut si souvent le cas, lorsque Jean-Marie Le Pen guidait la formation. De toute façon, le FN de Marine est réellement différent de celui de son père, tant sur le plan marketing que sur le plan politique. Le programme actuel du Front National marie le traditionnel refus de l’immigration massive et du multiculturalisme à un protectionnisme et un providentialisme qui font pratiquement du FN contemporain un parti plus à gauche que le Parti Socialiste de François Hollande, du moins sur les questions économiques.
Marine Le Pen du Front National en visite au Québec
Au Québec, par contre, la diabolisation bat toujours son plein. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la couverture que font nos médias du passage de Marine Le Pen. À Radio-Canada, on ne se gêne pas pour parler d’un « parti d’extrême prônant le repli sur soi des nations ». Dans l’édition montréalaise du Métro, journal gratuit réduit au rôle de torchon d’ultra-gauche, la couverture est si biaisée en l’encontre du FN qu’elle relève davantage de la parodie que du reportage. Bref, les médias québécois usent de la vieille méthode que les médias français ont abandonnée pour la plupart.
[bpiq style = “Default” width=”700″ position=”center” color=”background color” textcolor=”text color” image=”https://www.tvqc.com/wp-content/uploads/2016/03/téléchargement.jpg” alt=”Marine Le Pen” sourcename=”Radio-Canada” source=”http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/international/2016/03/23/003-entrevue-24-60-dussault-marine-le-pen-front-national.shtml” author=”Marine Le Pen”]M. Couillard, c’est celui qui est allé en Arabie saoudite, il n’y a pas très longtemps et qui est revenu en étant devenu un ami du communautarisme alors qu’il en était l’adversaire? C’est celui-là, non?[/bpiq]
Quant aux responsables politiques, Ils préféreraient probablement s’asseoir avec Luka Rocca Magnotta, plutôt que d’avoir à discuter avec l’égérie du nouveau patriotisme français. À l’exception d’Amir Khadir, qui entendait surtout faire la leçon à Mme Le Pen, les représentants de tous les partis ont boudé la chef frontiste, optant plutôt pour un mépris hautain fondé sur du vent. Même Philippe Couillard, qui n’a pourtant pas craint de fraterniser avec le régime saoudien ou avec un escroc comme Arthur Porter, s’est drapé dans un linceul de fausse vertu devant l’arrivée de Marine Le Pen en nos terres.
La web série politique Gauchedroitistan a discuté longuement de la présence de Marine Le Pen au Québec
Ce déchaînement tant médiatique que politique sur Marine Le Pen et le Front National s’explique de plusieurs façons, mais on peut très certainement cerner, sur le plan idéologique, où se trouve le fondement d’un rejet aussi catégorique que borné. Dans certains de nos médias, on retrouve une gauche progressiste, parfois dite « inclusive » par ses tenants, qui règne avec arrogance sur l’opinion publique, y imposant les codes de la rectitude politique et une peur irrationnelle de certains mouvements. Cette dernière tendance est particulièrement paradoxale, puisque cette même gauche dénonce sans cesse les supposés « discours de peur » de nos dirigeants, en ce qui concerne la menace terroriste.
Ce mouvement progressiste, social-démocrate sur le plan économique et ultra-libéral sur le plan social, perçoit les identités nationales occidentales non pas comme l’héritage global et divers d’une civilisation exceptionnelle, mais comme une pluralité de reliques en provenance d’un passé colonial dégoûtant. C’est par un tel raisonnement qu’elle en vient à faire constamment le jeu des oligarques qu’elle prétend pourfendre en prônant l’abolition des frontières et une immigration toujours plus massive. C’est entre autres grâce à la générosité flamboyante des progressistes que les affairistes les moins scrupuleux font sans cesse entrer en Occident plus de main d’oeuvre à bon marché. Pour cette gauche progressiste amoureuse d’un multiculturalisme décomplexé, la vertu tient lieu de raison et toutes les excuses sont bonnes pour dénigrer les dissidents et censurer les objections.
En cette économie globalisée, en ce monde où règnent relativisme moral, multiculturalisme exacerbé et reniement de soi, aimer son pays est devenu une sorte de tare rédibitoire, un péché qu’il faut expier sous peine d’être mis au ban de la joute politique. Au mieux, certains considéreront le patriotisme comme un joli petit délire nostalgique pour esprits perdus. D’ailleurs, les dirigeants péquistes, qui se disent pourtant souverainistes et nationalistes, ont si peur d’être associés à cet amour inconditionnel de la patrie incarné par Marine Le Pen qu’ils se réfugient dans un déni intempestif, dès qu’on ose mentionner son nom autour d’eux.
Une telle attitude, venant de nationalistes assumés, en dit long sur la peur et les stigmates encore associés aux mots « Front National » et au nom Le Pen. Certes, cette peur n’est pas tout à fait sans fondement: le patriarche du clan Le Pen, Jean-Marie, a jonché sa carrière politique de déclarations sulfureuses, souvent perçues à tort ou à raison comme antisémites et négationnistes. Cette époque est cependant révolue, le trublion Jean-Marie ayant été expulsé du parti l’an dernier et le Front National ayant procédé à une purge de ses éléments les moins fréquentables. Dorénavant, on peut être d’accord ou en désaccord avec le programme du Front National, mais on ne peut plus l’accuser d’être fasciste. En 2016, une telle accusation relève de l’obsession maladive ou de la mauvaise foi la plus pure.
Partager :
- Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Reddit(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Pinterest(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Telegram(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
Articles similaires
À propos de l’auteur
Né à Montréal, en 1985, je suis titulaire d'un baccalauréat de l'Université du Québec à Montréal en Animation et Recherche Culturelles. Je suis aussi et surtout chanteur métal, parolier, passionné de musique, de culture populaire, de politique, d'enjeux sociaux et d'humanité.