
Coeur de Pirate: le coeur au Canada, analyse d’une migration
3 juillet 2016 3 juillet, 2016 @ 16:43:58Après être sortie du placard de façon assez remarquée en s’affirmant “queer” suite aux attentats d’Orlando, Béatrice Martin, alias Coeur de Pirate, a fait un autre “coming out”, moins fracassant celui-là, à l’occasion de la Fête du Canada: Mme Martin se dit maintenant fière d’être Canadienne.
Coeur de Pirate
La chanteuse, comme bien des jeunes progressistes du Québec, sent à présent que ses valeurs sont bien représentées à Ottawa, Stephen Harper et les conservateurs ayant été remplacés par les libéraux de Justin Trudeau.
Évidemment, tout chroniqueur qui se respecte ne ferait pas d’un épisode aussi anodin la prémisse d’un article, si cette révélation d’une chanteuse connue ne permettait pas de s’interroger sur une question plus large et importante, c’est-à-dire la migration de la jeunesse du camp souverainiste vers le camp fédéraliste.
En premier lieu, on peut dire que le “coming out” fédéraliste de Coeur de Pirate est un exemple parmi tant d’autres de la victoire du sociétal sur le régalien. Jadis, dans les grandes démocraties occidentales, tant les gouvernements que les électeurs s’intéressaient principalement aux finances, à l’armée, à la sécurité intérieure et à la justice. C’est ce qu’on appelle les pouvoirs régaliens de l’État.
LGBTQ
Si Coeur de Pirate prête aujourd’hui allégeance au Canada, c’est avant tout parce qu’elle se reconnaît dans le gouvernement fédéral actuel. S’il en est ainsi, c’est d’abord parce que nous avons un gouvernement à Ottawa qui, loin de représenter un véritable changement systémique, fait en revanche la promotion incessante d’enjeux sociétaux comme le féminisme, le militantisme LGBTQ et les différents communautarismes. Pour une partie importante de la génération Y, les enjeux portant sur les pouvoirs régaliens de l’État ont cédé le pas à ceux qui sont liés aux combats de groupes sociaux particuliers.
https://www.youtube.com/watch?v=9p-9U53txWQ
Par contre, ce renouvellement de la foi pro-canadienne chez les jeunes est également le produit d’un mouvement indépendantiste qui, pendant presque dix ans, a dit qu’il fallait faire l’indépendance contre la droite harpérienne. Or, Stephen Harper n’est plus au pouvoir et il y a maintenant un gouvernement progressiste à Ottawa.
Une bonne partie de la jeunesse progressiste ne voit donc plus la nécessité de faire l’indépendance. Elle aime ce gouvernement fédéral qui embrasse le féminisme, le multiculturalisme, l’environnement et la légalisation du cannabis. Au surplus, le mouvement indépendantiste s’est aliéné de façon quasiment irréparable la forte majorité de la droite québécoise, qui a senti qu’on voulait faire l’indépendance du Québec non seulement sans son apport, mais aussi contre ses idées.
La méchante droite
Les indépendantistes sont donc pris entre deux feux. À gauche, on redécouvre peu à peu son affection pour le Canada au gré des selfies de Justin Trudeau, alors qu’à droite, on se sent rejeté par les promoteurs de l’indépendance. C’était pourtant un piège tout à fait évitable que les indépendantistes se sont tendus et dans lequel ils sont tombés. Il suffisait de ne pas transformer l’obsession anti-Harper en raison principale pour enclencher une démarche vers l’indépendance.
Il suffisait également de ne pas faire l’erreur fatale de dépeindre la dualité Québec-Canada en combat entre la “gentille gauche sociale-démocrate québécoise” et la “méchante droite redneck canadienne”. Il aurait surtout fallu ne pas oublier qu’il y a également de ces “méchants rednecks” au Québec et de ces “gentils progressistes” au Canada.
Qui est coeur de pirate
Béatrice Martin, dite Cœur de pirate, est une chanteuse, parolière, auteur-compositrice-interprète et pianiste canadienne née le 22 septembre 1989 à Montréal (dans l’ancienne ville d’Outremont) au Québec.
Né à Montréal, en 1985, je suis titulaire d’un baccalauréat de l’Université du Québec à Montréal en Animation et Recherche Culturelles. Je suis aussi et surtout chanteur métal, parolier, passionné de musique, de culture populaire, de politique, d’enjeux sociaux et d’humanité.