Chihayafuru Part I & 2 – Critique des deux films!

24 juillet 2016 0 Par Louis-Philippe Coutu-Nadeau 24 juillet, 2016 @ 18:37:43

Le Hyakunin Isshu est une compilation par Teika de cent courts poèmes écrits par cent grands poètes de l’époque médiévale de la littérature nippone, laquelle se situe entre le VIIe et le XIIIe siècle. Ces courts poèmes (des tankas de 31 mores d’une structure 5-7-5-7-7) sont imprimés sur les cartes du karuta, un jeu/sport traditionnel archiconnu au Japon qui se retrouve au cœur des deux parties du film Chihayafuru que j’aies eu la chance et le plaisir de voir en première nord-américaine à Fantasia.

Chihayafuru montre le karuta de compétition en équipe de cinq.

karuta

Le but du karuta n’est simple qu’en apparence. Deux joueurs assis face à face sur un tatami disposent chacun de 25 cartes, choisies au hasard parmi les 100 cartes, ce qui explique que seulement 50 cartes sont étalées sur le terrain. Sur chacune de ces cartes, les deux derniers vers d’un tanka (un distique de 14 mores d’une structure 7-7 appelé shimo-no-ku) tiré du Hyakunin Isshu sont inscrits. Ils ont 15 minutes pour les mémoriser. Un lecteur récite ensuite les trois premiers vers des 100 tankas (un tercet de 17 mores d’une structure 5-7-5 appelé kami-no-ku, ancêtre du haïku) dans un ordre aléatoire. Les deux joueurs doivent balayer le plus vite possible de la surface du terrain la carte correspondant au poème en cours de lecture, souvent après un mot, parfois après une syllabe, rarement tout juste après que cette tierce personne n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche. Il faut faire attention de ne pas se tromper avec les 50 cartes mortes/fantômes qui ne sont pas en jeu et qui seront lues aussi par le lecteur. Le joueur qui n’a plus aucune carte dans sa moitié de terrain remporte la partie. Il s’agit donc d’un jeu/sport de concentration, de mémoire et de réflexe.

Résumé de la première partie de Chihayafuru sous-titrée Kami no Ku :

Chihaya Ayase (Suzu Hirose) et de ses deux amis, Arata Wataya (Mackenyu) et Taichi Mashima (Shuhei Nomura), sont des passionnés de karuta depuis leur tendre enfance. Or, le destin leur fait emprunter des chemins différents en grandissant. Plus tard, au lycée, Chihaya forme une équipe de cinq personnes afin de participer aux compétitions collégiales de karuta. Taichi, qu’elle a retrouvé, est de ce nombre. Gagneront-ils ce tournoi? Qu’est devenu Arata, ce petit-fils d’un maître karuta?

Résumé de la seconde partie de Chihayafuru sous-titrée Shimo no Ku :

Chihaya apprend que la reine du karuta, Shinobu Wakamiya (Mayu Matsuoka), participe aux championnats nationaux. Elle se met donc en tête de l’affronter. C’est au tour des autres membres de l’équipe, soit Kanade Ooe (Mone Kamishiraishi), Yusei Nishid (Yuma Yamoto) et Tsutomu Komano (Yuki Morinaga), de s’occuper de Chihaya avant que cette saine obsession devienne une fixation (auto)destructrice. Il faut dire aussi qu’Arata est de retour, ce qui n’est pas sans agacer un peu Taichi.

Chihaya (Suzu Hirose) et Taichi (Shuhei Nomura) dans Chihayafuru.

Le réalisateur Norihiro Koizumi (The Liar and His Lover, Midnight Sun, Flowers) a fait un travail considérable en adaptant le manga éponyme écrit et dessiné par Yuki Suetsugu. Il est tout de même question de 223 minutes divisées en deux films distincts.

À noter que le manga de Suetsugu a été publié en 32 volumes depuis le 28 décembre 2007 et qu’il a fait l’objet d’un dessin animé, deux saisons de 25 épisodes, diffusé du 4 octobre 2011 au 28 juin 2013.

La carte #17 du karuta (Ariwara no Narihira Ason) commence par le titre et le nom de l’héroïne.

La carte #17 du karuta, intitulée Ariwara no Narihira Ason, commence par le nom de l’héroïne (Chihaya) et le titre du film (Chihayafuru). Cela illustre parfaitement le lien étroit qui relie le jeu/sport aux personnages. Voici ce tanka :

Carte du lecteur (yomifuda) :

Chihayaburu
Kamiyo mo kikazu
Tatsuta-gawa

(L’eau rougie de feuilles
la rivière Tatsuta
n’a pas son égale)

Carte de jeu (torifuda) :

Kara kurenai ni
Mizu kukuru to wa

(Les Dieux dans les temps anciens
n’ont pas pu la voir couler)

Mackenyu est Arata dans Chihayafuru.

Il est intéressant de savoir que 43 des 100 tankas compilés traitent de l’amour, ce qui explique l’importance du triangle amoureux entre Chihaya, Taichi et Arata. Or, Koizumi va plus loin encore. Nous assistons surtout à une grande histoire d’amitié, avec des hauts et des bas, de la confiance et des trahisons. Je n’avais aucune idée de ce qu’était le karuta avant d’assister à la projection. C’est impressionnant de le voir en pleine action, le tout appuyé par une excellente partition musicale ainsi qu’un casting à la fois juste et charismatique.

Bref, grâce à Chihayafuru Part I & II que je viens de visionner et à Terraformars que j’ai vu le 15 juillet dernier, je dois avouer que le cinéma japonais adaptant des mangas m’intrigue de plus en plus.

Verdict : 8,5 sur 10

P.S. : Pour consulter la liste des 100 cartes du karuta, cliquez ici en anglais et ici en français.

Le réalisateur et les acteurs à la première de Chihayafuru au Japon le 19 mars 2016.