Skiptrace – Critique du nouveau film de Jackie Chan

26 juillet 2016 0 Par Louis-Philippe Coutu-Nadeau 26 juillet, 2016 @ 17:55:52

Rares sont les acteurs qui, sur une période de quatre décennies, se cantonne dans un seul genre et cartonne au box-office. Jackie Chan est parmi eux. Ses comédies d’action ont été applaudies aux quatre coins de la planète, tant en Orient qu’en Occident. Du haut de ses 62 ans bien sonnés, la star hongkongaise prouve encore une fois que l’habit ne fait pas le moine, et ce, en dépit d’une filmographie proposant plus de cent titres…

Rumble in the Bronx a été le premier succès de Jackie Chan en Amérique du Nord. C’était en 1995. Ont suivi des nouveautés telles que Mr. Nice Guy (1997), Who I Am? (1998) et The Accidental Spy (2001), mais aussi le recyclage d’anciennetés chinoises ressorties telles qu’Operation Condor 2 (1986 là-bas et 1999 ici), Operation Condor (1991 là-bas et 1997 ici), Twin Dragons (1992 là-bas et 1999 ici) et The Legend of Drunken Master (1994 là-bas et 2000 ici).

L’affiche du film Skiptrace

Skiptrace

Voici donc le résumé de son plus récent projet, Skiptrace. Bennie Chan (Jackie Chan) est un détective de la police de Hong Kong. Depuis plusieurs années, il est aux trousses de Victor Wong, le chef de l’une des organisations criminelles les plus dangereuses. La situation s’aggrave lorsque ce dernier s’attaque à Samantha (Bingbing Fan), la nièce de Chan. Ce dernier n’aura d’autre choix que de retrouver le seul capable de l’aider à mettre la main au collet de Wong, Connor Watts (Johnny Knoxville), un Américain beau parleur, magouilleur et avare. Chan, qui n’a pas une seconde à perdre, devra non seulement ramener Watts à Hong Kong, mais aussi le convaincre de l’aider lors d’une périlleuse aventure qui va les conduire des montagnes enneigées de Mongolie aux vastes collines du désert de Gobi.

« J’ai ce script en tête depuis 25 ans. J’ai toujours rêvé d’une histoire de fuite et de chasse, qui montrerait à la fois les paysages et la culture de la Chine. »

Ces mots de Jackie Chan explique pourquoi, après que les spectateurs aient apprécié les décors du remake The Karate Kid en 2010, il a accepté de se lancer dans cette aventure. De Hong Kong en Mongolie, en passant par Pékin, Guangxi, Macao et la Russie, nous sommes servis en ce qui a trait aux paysages majestueux à l’est de la Chine.

Après Chris Tucker (la trilogie Rush Hour) et Owen Wilson (Shanghai Noon et Shanghai Knights), c’est au tour de Johnny Knoxville (The Dukes of Hazzard, Bad Grandpa, Men in Black 2) de jouer le partenaire incompatible. Qui de mieux que le leader de Jackass pour former un duo avec notre casse-cou préféré dans un buddy movie à la sauce asiatique.

À noter la présence au générique d’Eve Torres, lutteuse de la WWE de 2007 à 2013. Nous avons ainsi droit à quelques échauffourées dignes ce nom entre notre sympathique Jackie et cette femme sexy sortie tout droit de Terminator 3: Rise of the Machines

La chanson que Knoxville interprète dans une scène est un extrait de Ming Ming Bai Bai Wo De Xin, ce qui signifie « Please Understand My Heart », et devinez qui en est l’auteur de cette chanson datant de 1992? Nul autre que Jackie Chan lui-même! C’est pourquoi ce dernier se permet même de chanter Rolling in the Deep d’Adele…

Jackie est connu aussi pour ses génériques de fin qui montre des bloopers du tournage. Skiptrace n’échappe pas à la règle et montre la dangerosité de plusieurs cascades qu’il a faites lui-même, parfois avec un simple harnais pour prévenir une chute.

Jackie Chan raconte comment il a bien failli y laisser sa peau durant une scène tournée au Guangxi : « J’ai poussé mes limites cette fois-ci, et j’ai failli mourir pendant le tournage. Je suis tombé de mon radeau dans un torrent, j’ai été emporté par le courant. Je ne suis pas un bon nageur, j’ai dû crier à l’aide. Les membres de l’équipe ne pouvaient pas s’approcher suffisamment pour me secourir. Le radeau a enfin été refoulé par le torrent et j’ai été sauvé. La vie ne tient qu’à un fil parfois, c’est terrifiant. »

Toutefois, un drame bien réel est survenu le 17 décembre 2014. Tandis qu’il prenait des photos sur un sampan en provenance de l’île de Lantau, l’opérateur de caméra Kwok Hung Chan (Rumble in the Bronx, Mr. Nice Guy, Twin Dragons) est mort noyé. L’embarcation avait chaviré. Jackie, qui ne sait pas nager, avait sauté à l’eau pour tenter de le secourir. En vain.

Le réalisateur finlandais Renny Harlin, à qui nous devons quelques bons films d’action (Die Hard 2 et Cliffhanger) a trouvé en Chine une nouvelle terre d’accueil. Il réussit enfin à effacer ses flops (Driven, Exorcist: The Beginning, Deep Blue Sea), mais pas à faire complètement oublier son plus retentissant échec, Cutthroat Island, responsable de la faillite de Carolco Pictures à cause d’un budget de 137 millions de dollars contre des recettes de 11 millions de dollars…

Bref, Skiptrace marque non pas le retour de Jackie Chan, mais bien un rappel nostalgique de ce qu’il a été il y a 20 ans. Il contient toutefois trop de scènes comiques et pas assez de scènes d’action. Le scénario est très prévisble, prétexte encore une fois à voir Jackie exécuter quelques pirouettes. C’est d’autant plus ironique que le bonhomme a 62 ans, soit précisément le double de mon âge!

Verdict : 7 sur 10