Therapy – Critique du film d’horreur de Nathan Ambrosioni

Therapy – Critique du film d’horreur de Nathan Ambrosioni

28 juillet 2016 0 Par Louis-Philippe Coutu-Nadeau 28 juillet, 2016 @ 18:14:05 PM

Nathan Ambrosioni est de ceux qui possèdent à la fois le talent, la chance, les contacts, la passion et… la jeunesse. Sachez qu’il n’a seulement que 16 ans au moment d’écrire ces lignes. Si Hostile faisait partie de la programmation de Fantasia le 4 août 2015, ce jeune Français est déjà de retour cette année pour nous présenter, en personne et en première mondiale, son dernier-né Therapy.

Nathalie Couturier et Rémy Jobert jouent les enquêteurs Jane et Simon dans Therapy.

Nathalie Couturier et Rémy Jobert jouent les enquêteurs Jane et Simon dans Therapy.

Nathan Ambrosioni

Né le 18 août 1999 à Grasse, en France, Nathan a eu la piqûre pour le cinéma d’horreur très tôt à la suite du visionnement des films The Blair Witch Project, [Rec], The Conjuring, Insidious et Sinister. Son père Fabrice Ambrosioni, photographe de profession, lui donne depuis un coup de main pour mener à terme ses entreprises cinématographiques, en l’aidant entre autres avec la caméra, l’étalonnage et le son des extraits tournés en found footage. De son côté, Nathan s’occupe chaque fois de la scénarisation, du repérage, de la réalisation, du montage et de l’élaboration du cahier des charges qui sert à la composition de la bande originale, sans oublier qu’il aime se réserver un petit rôle. Un véritable autodidacte, quoi!

Bien qu’Hostile ait été annoncé comme le premier long métrage d’un prodige de 14 ans, ce n’est pas tout à fait vrai. Il s’agit de son premier projet dit « professionnel ». Deux années avant Fantasia 2015, soit plus précisément le 9 juillet 2013, il avait proposé un premier long métrage amateur et expérimental intitulé The Rush In Tape lors d’une projection organisée à Le Tignet dans les Alpes-Maritimes, devant un public en liesse de 130 personnes. Il avait alors 13 ans.

Vous croyez que c’est suffisant pour lui? Détrompez-vous! Il est également derrière quatre courts métrages : Ce qui nous reste (2016, 15 minutes), Avec toi (2015, 8 minutes), Au bord du lac (2015, 11 minutes) et Miss You (2015, 17 minutes)…

Luna Miti joue Olivia dans Therapy en plus de filmer une partie du found footage avec une GoPro.

Luna Miti joue Olivia dans Therapy en plus de filmer une partie du found footage avec une GoPro.

Therapy

Jane et Simon (Nathalie Couturier et Rémy Jobert) sont deux officiers de police chargés d’une enquête de routine après qu’un gardien de nuit ait découvert des équipements vidéo cachés dans une vieille bâtisse abandonnée. Au premier coup d’œil, les films ne semblent contenir rien d’anormal. On y voit Steven, Stéphanie, Olivia, Sam et Sébastien (Julien Croquet, Vanessa Azzopardi, Luna Miti, Tania Rieu et Nathan Ambrosioni), cinq touristes profitant du temps estival pour aller camper. Poursuivant leur visionnement, Jane et Simon découvrent avec effroi que la balade en plein air prend une tournure cauchemardesque. Piégés malgré eux dans un bâtiment désaffecté, les vacanciers sont devenus des proies. Jane et Simon devront agir vite pour les sauver, au risque d’y laisser leur propre vie.

Therapy marche dans le sillage de ses prédécesseurs. Il emprunte à The Blair Witch Project l’idée de la découverte de vidéos montrant des jeunes en camping qui se retrouvent dans un immeuble abandonné et à Halloween celle d’un croque-mitaine masqué qui décide de les éliminer un à un. Nathan évite toutefois la voie facile de l’hommage et du plagiat en restant conscient qu’il emprunte des sentiers connus pour mieux nous fourvoyer. Il s’agit donc d’un slasher en found footage original qui se démarque tantôt grâce à la suggestion des meurtres, tantôt grâce à de nombreux jump scares. Oui, oui, j’ai sursauté à maintes reprises.

Tout a commencé à partir d’un complexe immobilier ravagé par le feu que Nathan croisait souvent le long de la route. Il a commencé à bâtir son histoire autour de ce lieu prédestiné à servir de décor pour un film d’épouvante. Fort du succès d’Hostile, il a réuni son équipe pour filmer. L’idée que cela devienne le contenu du found footage visionné par les deux enquêteurs est survenue plus tard, devant un montage qu’il jugeait de trop courte durée. La fin a changé, s’affranchissant ainsi du film culte de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez sorti la même année que la naissance de Nathan. Qui plus est, le titre Therapy a été préféré à Leave Them Alone.

Shelley Ward joue Abigail Parker dans Therapy.

Shelley Ward joue Abigail Parker dans Therapy.

Le casting s’en sort très bien malgré l’inexpérience en direction d’acteur de Nathan et de l’improvisation qu’une production à micro-budget impose. Or, le moins que l’on puisse dire quand on s’informe un peu sur lui, c’est qu’il sait bien s’entourer. Julie Venturelli et Luna Miti (anciennement Luna-Miti Belan) sont deux camarades de classe qui ont obtenu un premier rôle dans The Rush In Tape ainsi que dans Hostile, et qui ont maintenant un second rôle tout aussi intéressant. L’excellente Shelley Ward (elle joue l’instable Abigail Parker) est l’amie de son père, tandis que Vanessa Azzopardi est celle de sa mère.

J’étais ravi d’assister à cette première mondiale auquel Nathan a participé en compagnie de son père. Avec sa bouille sympathique et sa bonne humeur contagieuse, il était fier de l’accueil réservé à son film ayant fait salle comble à J.A. De Sève (160 places). À noter qu’il y a eu deux avant-premières, le 7 mai 2016 à Villeneuve-Loubet et le 1er juillet 2016 à Grasse.

Le résultat n’est cependant pas sans défaut. J’en dénombre quatre notamment, quoiqu’il relève de mon avis personnel. Primo, j’ai trouvé que l’alternance entre le présent avec Jane et Simon et les flashbacks avec les cinq victimes potentielles ne permettait pas au suspense de s’installer complètement, ce qui nuisait au climat anxiogène recherché. Deuxio, le recours à la lampe de poche et à la vision scotopique m’empêchaient de toujours savoir qui était qui parmi tous les personnages féminins. Tertio, l’habillage sonore s’avérait trop omniprésent et artificiel, ce qui empêche les spectateurs de croire en l’authenticité des enregistrements supposément trouvés. Quarto, l’antagoniste ne brandit pas sa hache en l’air comme quelqu’un qui a une soif de tuer…

Nathan Ambrosioni durant un Q&R après la première mondiale de Therapy le 27 juillet 2016.

Nathan Ambrosioni durant un Q&R après la première mondiale de Therapy le 27 juillet 2016.

Pour l’anecdote, Nathan et son père nous ont raconté qu’un soir, tandis que l’équipe tournait des scènes dans l’immeuble abandonné, ils ont entendu des bruits et vu des lumières dans un immeuble abandonné voisin. Ils ont eu moins peur qu’eux. La raison? Parce qu’il avait de leur côté un homme masqué armé d’une arme blanche!

Bref, Therapy est plus digne d’intérêt qu’il en est dépourvu, ne serait-ce que pour la maturité que Nathan Ambrosioni a acquis en aussi peu de temps. Enfin quelqu’un qui n’a rien à envier à Xavier Dolan (Mommy). Sa filmographie pleine de promesses et de prouesses comprend déjà sept titres, sans compter trois autres projets en cours, dont un prochain long métrage déjà écrit qui racontera l’histoire d’une famille prise dans une chasse au trésor machiavélique. À surveiller.

Verdict : 8 sur 10