Mandy – Critique du film de Panos Cosmatos

1 août 2018 0 Par Louis-Philippe Coutu-Nadeau 1 août, 2018 @ 21:24:53 PM

Impossible de rester de marbre devant Mandy qui ose, à ce point, adresser un doigt d’honneur aux institutions. Sa marginalité est telle que peu de salles de cinéma le distribueront et que la poignée de gens qui le visionneront jusqu’au bout se mériteront le statut de cinéphiles avertis. Cet OVNI est atterri à Sundance le 19 janvier 2018, puis à Cannes le 12 mai 2018, puis à Fantasia le 1er août 2018 en guise de film de clôture (en fil barbelé?). J’ai eu la chance de le visionner hier matin lors d’une projection réservée aux médias. Critique, maestro!

Voici le synopsis qui s’inspire de celui composé par l’unique Mitch Davis et traduit de l’anglais par Kevin Laforest dans le programme de Fantasia :

En 1983, l’existence paisible de Red Miller (Nicolas Cage, The Rock et Lord of War) dans les Shadow Mountains est anéantie lorsque le leader charismarique Jeremiah Sand (Linus Roache, Non-Stop) et sa secte religieuse démente jettent leur dévolu sur Mandy Bloom (Andrea Riseborough, Oblivion), l’amour de sa vie, et comme il devient rapidement évident, quelqu’un qui le maintenait ancré dans la réalité. Les choses se détériorent jusqu’à devenir un cauchemar exalté de venin d’insecte, de drogues dures et de délire d’esprit fracturé, alors que Red se rend jusqu’en enfer afin de venger la femme qui était sa raison d’être. Le sang va couler. Les mondes vont s’effondrer.

Mieux vaut ne pas en découdre avec un personnage baptisé Red et dont les traits sont ceux de l’inimitable Nicolas Cage. L’acteur de 54 ans, avec ses yeux exorbités et son rictus fendu jusqu’aux oreilles, s’est lancé corps et âme dans une performance sans retenue. Quoi de plus fou, après tout, que la contre-attaque vengeresse d’un bûcheron endeuillé et armé d’une hache de sa fabrication? Par moments, le Red en question m’a d’ailleurs rappelé le Ash de la saga Evil Dead que Bruce Campbell a si bien défendu. À noter la présence au générique de Bill Duke (Predator et Commando) dans un rôle petit quoique nécessaire.

La réalisation de Panos Cosmatos (fils de George Pan Cosmatos à qui nous devons Rambo 2, Tombstone et Cobra) plonge le spectateur dans un cauchemar jubilatoire de 121 minutes nimbé de rouge, de bleu et de violet. La photographie est sublime. Le tout s’accompagne d’une BO électronique composée par le défunt Jóhann Jóhannsson (Sicario, The Theory of Everything, Prisoners) décédé le 9 février 2018. Son travail impeccable facilite notre immersion à l’intérieur de l’écran. J’ai recensé des clins d’oeil à Hellraiser (les Black Skulls, bikers sanguinaires aidant Jeremiah, sont les dignes héritiers des Cénobites), The Texas Chainsaw Massacre (la fameuse tronçonneuse), Friday the 13th (le nom Crystal Lake attribué à un lac) et… Once Upon a Time in the West (la pendaison d’un personnage sous les grimaces d’autrui).

Nicolas Cage marche sur la corde « Red » dans Mandy.

Bref, Mandy est une gifle percutante sur la joue de ceux et celles qui clament la mort du cinéma en tant qu’art. Aussi prodigieux au niveau de la forme que bêta au niveau du contenu, il s’agit également d’une tornade faite sur mesure pour se déplacer de festival en festival et rafler tout sur son passage. Une série B nanardesque, à la sauce eighties et sur fond d’histoire de vengeance, qui se mérite rien de moins qu’un A pour le soin apporté à deux inséparables : l’image et le son. Et que dire de ce sacré Nick qui hurle aussitôt qu’il sort hors de sa Cage de confort…

Verdict : 8,5 sur 10

Linus Roache est Jeremiah Sand, le pendant cinématographique de Charles Manson, dans Mandy.