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Avengers : Phase Finale – Critique du supercrossover des frères Russo

Avengers : Phase Finale

Rarissimes sont les blockbusters aussi attendus que ce Avengers: Endgame (Avengers : Phase Finale) qui vient d’envahir nos salles obscures et qui va faire date dans les annales du cinéma de divertissement. La raison d’un tel évènement? Pas moins de 21 films convergent vers ce supercrossover dont le générique de 12 minutes propose le défilé d’une trentaine de gros noms susceptibles d’attirer gens, donc argent. Mais que vaut le contenu d’Avengers: Endgame? Disons que la barre de nos attentes, fixée à une altitude vertigineuse au gré des 21 intrigues entrecroisées, est dépassée avec l’aisance d’un médaillé d’or olympique en saut en hauteur. Comme quoi ceux et celles qui ont traversé les quelques 44 heures de visionnement méritent cette récompense jubilatoire de 181 minutes!

Robert Downey Jr. joue Tony Stark, alias Iron Man, pour la dixième fois depuis 2008.

Avengers : Phase Finale

Le Marvel Cinematic Universe se situe dans une galaxie à part, loin des autres franchises bankables que représentent Star Wars (10 films), Harry Potter (10 films), James Bond (24 films officiels) ou Lord of the Rings (6 films). En témoignent ses 21 titres qui, d’Iron Man il y a un peu plus d’une décennie à Captain Marvel il y a un peu plus d’un mois, ont récolté au-delà de 18,6 milliards de dollars au box-office mondial. Il a vite imposé son hégémonie pour marquer d’une pierre blanche (devrais-je dire de six pierres multicolores?) l’histoire du septième art. Comment? En redéfinissant les notions d’entertainment et de star system. Je ne parle même pas d’Avengers: Endgame qui a déjà récolté 120 millions de dollars uniquement grâce aux billets en prévente disponibles depuis 3 semaines. Voilà la preuve, s’il en fallait une, que les frères Anthony et Joe Russo devaient atteindre le centre de la cible. Un pari risqué, quoique Marvel voue une confiance aveugle en ces deux hommes derrière la réalisation de trois des meilleurs épisodes du MCU (Avengers: Infinity War, Captain America: Civil War et Captain America: The Winter Soldier). Après tout, avec Thanos comme supervilain, ils ont offert rien de moins que le Darth Vador d’une nouvelle génération biberonnée à la démesure pop-cornesque!

Remontons le temps pour comprendre davantage l’importance historico-économique d’Avengers: Endgame. En 2005, Marvel Studios peine à sortir sa tête de l’eau à cause d’un iceberg déficitaire évalué à 525 millions de dollars. Il a déjà perdu le pouvoir décisionnel sur plusieurs grosses pointures : le bestiaire des X-Men ainsi que celui des Quatre Fantastiques vendus à la Fox, le Spider-verse vendu à Sony ou encore Hulk vendu à Universal. 50% de son catalogue superhéroïque s’était envolé comme si, pour ainsi dire, il avait subi la décimation de Thanos (nom officiel attribué à son drastique claquement de doigts). Les années à venir s’annoncent tant instables que tragiques à l’image du Titanic de 1912. Un seul espoir à l’horizon : Iron Man que la firme vient de récupérer auprès de New Line. La première page du conte de fées est écrite en 2008 au moment où le film de Jon Favreau rapporte 585 millions de dollars. Marvel Studios est racheté par Disney en 2009, puis Disney rachète ensuite la Fox en 2018. Tout cela explique en partie pourquoi les semaines à venir s’annoncent tant rentables que magiques à l’image du Titanic de 1997. À croire que « Pierres qui roulent ramassent pour Mouse » si vous voyez ce que je veux dire…

Le 7 décembre 2018 a été publiée la première bande-annonce d’Avengers: Endgame. Sobrement intitulée « Marvel Studios’ Avengers – Official Trailer », elle obligeait les internautes à la visionner au complet pour ENFIN découvrir son véritable sous-titre. Ce jour-là, elle a d’ailleurs établi deux records : la première vidéo YouTube à obtenir un million de likes en seulement 4 heures et la vidéo la plus regardée en 24 heures grâce à ses 289 millions de visionnements. Fait intéressant : le 30 juin 2018, le site Omega Underground avait remarqué que le directeur de la photographie Trent Opaloch avait écrit par erreur le sous-titre End Game sur son site personnel. La bévue avait vite été effacée afin de minimiser les dégâts. Fort heureusement, peu de gens ont eu vent de cette révélation avant que Marvel Entertainment en fasse l’annonce 5 mois plus tard via la mise en ligne du trailer susmentionné. Le 16 avril 2019, une compilation d’extraits a été piratée et partagée sur Internet. Il s’agissait de cinq minutes sous-titrées en arabe et filmées illégalement lors d’une projection privée. Aussitôt alertés, les frères Russo se sont empressés de sortir une lettre sur Twitter invitant quiconque à ne pas spoiler leur long métrage riche en rebondissements. Ils tenaient mordicus à provoquer un effet de surprise chez les fans et à déjouer les trop nombreuses théories, ce qui n’est pas de tout repos à une époque où chaque élément de la campagne publicitaire est scruté à la loupe!

Chris Evans joue Steve Rogers, alias Captain America, pour la dixième fois depuis 2011.

Il est à noter que le dernier-né du MCU ne conclut pas sa Phase III, contrairement à ce qui a été relayé dans les médias. Kevin Feige, le grand manitou de Marvel qui manie tout depuis les coulisses, l’a lui-même confirmé le 20 avril dernier sur le tapis rouge d’un évènement à Shanghai : la lourde tâche de conclure The Infinity Saga (nom officiel attribué aux Phases I, II et III) revient à un film de moindre envergure, en l’occurrence Spider-Man: Far from Home prévu le 5 juillet prochain. Cela n’est pas sans rappeler la situation d’Ant-Man à la fin de la Phase II. La deuxième aventure solo de l’homme-araignée préparera ainsi le terrain pour la Phase IV dont au moins huit suites et origin stories sont déjà annoncées quelque part entre 2020 et 2024 : Captain Marvel 2, Black Panther 2, Guardians of the Galaxy Vol. 3, Doctor Strange 2, Black Widow, The Eternals, Shang-Chi et, de toute évidence, The Young Avengers

Bref, comme tout le monde, j’attendais Avengers: Endgame depuis un sacré bail. J’ai élaboré mes propres théories sans me douter que j’allais être à des années-lumière du compte. Je suis passé par un large éventail d’émotions durant la projection de 181 minutes qui défile aussi vite qu’un drastique clignement d’yeux, en ce sens que j’ai rit aux éclats, j’ai eu des frissons dans le dos et je me suis surpris à avoir les larmes aux yeux devant le sort réservé à certains personnages. Les mots me manquent pour qualifier le résultat, voire pour le complimenter, tellement les bonnes idées fusent de toutes parts. C’est vraiment un divertissement indétrônable qui détonne par rapport aux œuvres antérieures estampillées Disney/Marvel. Il sied de remercier Stan Lee sans qui nul n’aurait été témoin d’une telle saga cinématographique. Il y fait d’ailleurs son ultime coucou juste à temps pour ce quatrième rassemblement de nos célébrissimes superhéros fondateurs. Voilà. Tout est dit. S’il ne s’agit pas de la phase finale de ma critique, il s’agit très certainement de sa phrase finale.

Verdict : 10 sur 10

Chris Hemsworth joue Thor pour la huitième fois depuis 2011.

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