L’inquiétante absence – Critique du documentaire d’Amir Belkaim et Félix Brassard

15 juillet 2019 0 Par Louis-Philippe Coutu-Nadeau 15 juillet, 2019 @ 21:11:19

Fantasia était l’endroit tout désigné pour la première mondiale d’un documentaire qui questionne avec aplomb la place du cinéma de genre québécois.

L'inquiétante absence

L’inquiétante absence

En effet, L’inquiétante absence affichait sold out une semaine avant sa projection, le dimanche 14 juillet 2019, les 160 places assises ayant trouvé preneur à la vitesse grand V. C’est que le sujet est d’actualité : la majorité des gens croient, à tort, que notre cinématographie se décline presque exclusivement en comédies et en drames, les incitant derechef à encourager le monstre américain qui phagocyte le moindre de nos revenus grâce au monopole que représentent 85% de ses films à l’affiche dans nos salles. Or, le cinéma de genre made in Québec existe et survit face à l’envahisseur. Où? Principalement à travers le circuit de festivals tels que Fantasia et SPASM.

La nécessité du documentaire réalisé par Amir Belkaim et Félix Brassard est incommensurable, ne serait-ce que pour découvrir nombre de titres et de cinéastes d’antan tombés dans l’oubli au fil du temps. 35 intervenants majeurs du milieu, parmi lesquels des pionniers (Jean-Claude Lord, Yves Simoneau, Roger Cantin) et des héritiers (Izabel Grondin, RKSS, Robin Aubert), expriment leur opinion à grand renfort d’anecdotes. À noter que le réalisateur canadien David Conenberg (Eastern Promises, The Fly, eXistenZ) y fait un coucou afin de relater avec nostalgie une période méconnue de sa filmographie, celle de la fin des années 70 au cours de laquelle il a tourné trois titres chez nous…

Mathieu R. Grenier, producteur du documentaire et titulaire d’une maîtrise en études cinématographiques consacrée au corps de l’acteur dans le film d’action américain, avait ceci à me dire au lendemain de la première mondiale : « L’objectif a été atteint. Le film existe maintenant. Il a été très bien reçu. En général, les gens ont été impressionnés par l’ampleur et la qualité du documentaire, surtout parce que, en tant que premier film, c’est un peu un exploit de notre part. Le film a fait du bien aux gens. Il devait exister, comme on m’a souvent fait part hier. Il rassemble les gens autour d’une cause qui leur tient à cœur : le cinéma de genre. »

Pas moins de 35 intervenants du milieu cinématographique prennent le micro dans le documentaire L’inquiétante absence.

Voici la liste des différents intervenants : Robin Aubert, Sylvain « SV Bell » Bellemare, Marc Boisclair, Mario Boivin, Danielle Brown, Roger Cantin, Érik Canuel, Frédéric Chalté, Pierre Corbeil, Rémy Couture, David Cronenberg, William Daigle Babin, Rock Demers, André Dubois, Éric Falardeau, Rémi Fréchette, Isabelle Gauvreau, Izabel Grondin, Patrick Huard, Marcel Jean, Marc Lamothe, Steve « Carnior » Landry, Francisco Laranjo, Jean-Claude Lord, Jarrett Mann, Bernard Perron, Luc Picard, Nicole Robert, Jacques Roy, Patrick Senécal, François Simard (RKSS), Yves Simoneau, Steve Villeneuve, Anouk Whissell (RKSS) et Yoann-Karl Whissell (RKSS).

Mathieu R. Grenier explique son amour du cinéma de genre et l’importance de ce premier projet de production : « C’est ma passion et la ligne directrice de mon entreprise de production [je vous invite à consulter le site web et la page facebook, NDLR]. Pour moi, ce projet représente une étude de marché sur ce qui existe en terme de cinéma de genre au Québec. C’est une revendication sur la possibilité d’en faire. Une preuve que c’est très possible et nous allons le prouver. C’est un passage obligé à mes yeux pour bien établir les bases de notre carrière et pouvoir construire solidement pour un futur cinématographique prolifique au Québec. »

L’inquiétante absence est un documentaire nécessaire, certes, mais aussi une mise au point rétrospective ayant pour but d’amener Québécois et Québécoises à comprendre qu’un ici sous-estimé mérite un piédestal au même titre qu’un ailleurs surestimé. Il est captivant du début à la fin. En ressort un portrait brossé avec exhaustivité, redonnant au passage tout son apparat à notre chère devise. Qui sait, peut-être qu’un jour un second documentaire intitulé La réconfortante présence viendra démontrer un réel effort de notre part à encourager notre pelouse verdoyante plutôt que celle de nos voisins du sud plus jaunâtre qu’elle n’y paraît!

Verdict : 10 sur 10

Le producteur Mathieu R. Grenier, le coréalisateur Amir Belkaim, les trois membres de RKSS et le coréalisateur Félix Brassard.