Il était une fois… à Hollywood – Critique du neuvième film de Quentin Tarantino
26 juillet 2019 0 Par Louis-Philippe Coutu-NadeauQui de mieux placé que Quentin Tarantino pour réaliser ce fantasme ultime : confier à Leonardo DiCaprio et Brad Pitt les rôles principaux d’un seul et même long métrage centré sur le Hollywood hippie de 1969.
Il était une fois… à Hollywood
En effet, dans Once Upon a Time… in Hollywood (Il était une fois… à Hollywood en VF), les deux coqueluches prêtent respectivement leurs traits à la star de télévision Rick Dalton et à sa doublure cascade Cliff Booth, lesquels tentent de survivre dans le monde du divertissement en pleine mutation. C’est bien connaître Tarantino que de deviner qu’il n’allait pas se limiter à ce postulat de départ déjà fort alléchant…
Ce buddy-movie unique en son genre déclare l’amour solennel de Tarantino pour l’écran (le petit comme le grand) par le truchement d’une analyse passionnée de l’usine à rêves. Une ligne ambigüe sépare la réalité de la fiction, tracée de main de maître par l’auteur-réalisateur qui s’est visiblement amusé tel un gamin à fourvoyer les spectateurs. Les cinq années consacrées à l’écriture du scénario n’ont pas été vaines, à commencer par la qualité des dialogues. Les multiples références directes (surtout ce qui concerne Sharon Tate, Bruce Lee, George Spahn, Sergio Corbucci et la « famille » de Charles Manson) et indirectes (la fausse carrière de Rick Dalton) s’imbriquent ensemble afin d’étoffer le contenu au maximum à l’intention de ses fervents défenseurs. Ses détracteurs, eux, diront qu’il l’a étouffé au maximum…
Lorsque Tarantino décide de faire un pas dans une direction, il sait effectuer un bond de géant aux yeux de son fan club dont je fais partie. Camper son décor dans la ville du cinéma, l’observer de l’intérieur via les coulisses des tournages, réécrire l’Histoire façon Inglourious Basterds, offrir à Leo un énième rôle complexe (la scène où son personnage livre une performance d’antagoniste, wow!) et à Brad son rôle le plus décomplexé (la visite haletante du ranch de George Spahn, wow!), réfléchir l’éphémérité du star-system grâce à une distribution cinq étoiles (notamment Margot Robbie, Kurt Russell, Al Pacino, Bruce Dern et feu Luke Perry), revisiter The Great Escape façon Ready Player One avec The Shining, ressusciter le véritable Bruce Lee (autrement dit la vedette respectée quoique arrogante) le temps d’un échange Pitt-oresque : cette fresque tarantinesque hilarante et violente réalise un fantasme à la fois cinéphilique et « ciné-Philippe »!
Verdict : 9 sur 10
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À propos de l’auteur
Véritable cinéphile, Louis-Philippe Coutu-Nadeau est un scénariste-réalisateur-monteur qui a une cinquantaine de contrats à son actif en tant que vidéaste (mariages, captations d'événement, publicités, vidéoclips). Il s'occupe d'ailleurs de toutes les vidéos du concessionnaire Alix Toyota depuis juin 2013. Il a aussi été pigiste pour trois boîtes de production, soit le Studio Sonogram, VLTV Productions et Ikebana Productions. Sa filmographie personnelle présente pas moins d'une vingtaine de titres dont le film Khaos et la websérie Rendez-vous. Il possède un baccalauréat en études cinématographiques à l'UdeM et un baccalauréat par cumul de certificats à l'UQÀM (en scénarisation cinématographique, en création littéraire et en français écrit). Vous pouvez visionner son expérience contractuelle et son expérience personnelle sur son site officiel : www.lpcn.ca