Mad Heidi: les comédie gore qui veut révolutionner le monde de la distribution
28 janvier 2023 28 janvier, 2023 @ 12:34:42Non content d’être le premier film de Swissploitation au monde et – très probablement – le premier à mettre en scène une mort par Toblerone, Mad Heidi prévoit maintenant de supprimer autant d’intermédiaires que possible grâce à une sortie spéciale en ligne afin de s’assurer que le maximum d’argent revienne aux réalisateurs et à ses crowdfunders.
Les morts sauvages et élaborées font partie intégrante des films de genre, un monde gorgé de sang où les cinéastes sont souvent en compétition pour élever la barre d’éclaboussure aussi haut que possible. En parlant de barre, un film mérite sûrement un prix pour la mise à mort la plus créative – et la plus appropriée culturellement – de cette année, une mort dans laquelle un tube triangulaire entier de Toblerone est enfoncé dans la bouche d’un homme et ressort de l’autre côté. Dans une autre scène, un prisonnier est noyé dans une fondue brûlante (la fondue est renversée sur ses yeux et sa bouche est remplie de croûtons).
Voici Mad Heidi, une comédie d’action-aventure-horreur déjantée décrite comme le “premier film de Swissploitation au monde”, et sans aucun doute la version la plus ridicule de la bien-aimée orpheline des Alpes à queue de cochon que Johanna Spyri a écrite il y a 140 ans.
Réalisé par Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein, Mad Heidi se déroule dans une Suisse dystopique de conte de fées, sous le règne fasciste d’un magnat de l’industrie fromagère (Casper Van Dien de Starship Troopers) dont le règne de la terreur consiste à traquer les intolérants au lactose. Après que son amant ait été brutalement assassiné pour avoir fait entrer clandestinement du fromage de chèvre dans le pays, la jeune Heidi (Alice Lucy) descend des montagnes et – après un séjour en taule avec deux femmes bodybuildées endurcies – trouve sa véritable vocation en tant que badass des arts martiaux, vêtue d’une hache et d’une serveuse de bière bavaroise, qui affronte le despote et son armée. Il y a un plateau complet de violence, de gore, de nudité inutile, de fromage et un coffre-fort entier de stéréotypes suisses.
L’intrigue ironique et excessive, ainsi que l’esthétique, placent Mad Heidi aux côtés de la comédie de science-fiction Iron Sky de 2012 (sans surprise, le scénariste et réalisateur d’Iron Sky, Timo Vuorensola, a produit Mad Heidi) et du court-métrage culte Kung Fury de 2015. Mais il y a une autre grande similitude : tous trois ont vu le jour grâce à des campagnes de crowdfunding.
Comme l’explique le producteur Valentin Greutert, l’équipe derrière le film – qui devait initialement s’appeler Heidiland – a réalisé qu’un projet comme Mad Heidi n’attirerait pas les financements habituels. “Nous nous sommes dit : “Nous n’obtiendrons pas d’argent du marché, nous n’obtiendrons certainement pas de fonds pour soutenir le film”, alors je me suis dit : “Essayons de le financer par crowdfunding”.”
Ils ont tourné un rapide teaser en 2017 (un qui mettait en scène la brochette de Toblerone et la torture de la fondue), qui – de manière compréhensible – a eu beaucoup de succès, récoltant environ 300 000 dollars. Mais avec un budget d’environ 3,3 millions de dollars, il y avait encore un grand vide à combler. M. Greutert est passé d’un financement à la petite semaine en échange de marchandises à un investissement par la foule en échange de la propriété réelle du film, en s’associant à une société londonienne appelée FilmChain qui renvoie automatiquement l’argent au bénéficiaire. Un montant minimum de 500 dollars par action a été fixé, ce qui se traduit ensuite par un pourcentage des recettes (et surtout, pas des bénéfices).
“Dès le premier centime que le film génère, les gens ont une part des recettes”, explique M. Greutert.
Mad Heidi et sortie en salles dans un certain nombre de territoires majeurs le 24 novembre dernier et, à l’AFM, son distributeur nord-américain, Raven Banner, aidera à promouvoir le film auprès d’autres acheteurs potentiels (Greutert précise qu’ils n’ont pas de société de vente à proprement parler, afin de supprimer les intermédiaires). Après une période d’exclusivité de deux semaines dans les salles de cinéma, Mad Heidi sera disponible en streaming sur son propre site Web, MadHeidi.com, pendant deux mois, et tous les bénéfices iront directement aux réalisateurs (et à leurs investisseurs). Ce n’est qu’après cela que les portails VOD habituels s’ouvriront. C’est une stratégie que Greutert impose à tous les distributeurs qui veulent avoir une part de l’action (folle). “Ils jouent bien le jeu, et l’apprécient même”, note-t-il.
Sans vouloir rien dévoiler, la fin de Mad Heidi contient un clin d’œil quelque peu élaboré à une suite, et Greutart affirme qu’il reste encore beaucoup de références suisses à inclure. Mais Mad Heidi 2 dépend entièrement du succès du premier.
“Si ces investisseurs récupèrent leur argent, ou même quelque chose comme 80 % de leur argent, je ferai financer le prochain Mad Heidi en trois mois avec ce système”, dit-il. “Parce qu’alors les gens auront envie d’en faire un autre”.
Mad Heidi
Dans une Suisse dystopique tombée sous la coupe fasciste d’un méchant tyran du fromage, Heidi mène une vie pure et simple dans les Alpes suisses. Le grand-père Alpöhi fait de son mieux pour protéger Heidi, mais son aspiration à la liberté lui attire bientôt des ennuis avec les sbires du dictateur. La jeune fille innocente se transforme en une force de combat féminine qui entreprend de libérer le pays des fascistes fous du fromage.
MAD HEIDI est un film d’exploitation d’action-aventure basé sur le personnage populaire du livre pour enfants Heidi et sur le tout premier film de Swissploitation. Oui, cette fois-ci, la Suisse sera exploitée !
Le film est réalisé par Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein sur un scénario de Johannes Hartmann, Sandro Klopfstein, Trent Haaga, et Gregory D. Widmer. Il met en vedette Alice Lucy, David Schofield, Casper Van Dien, et Max Rüdlinger.
Plus d’informations : https://madheidi.com/stream
Cette histoire a été publiée pour la première fois dans l’édition quotidienne du 2 novembre du Hollywood Reporter à l’American Film Market.
